domingo, 20 de octubre de 2013

L’énonciation selon Emile Benveniste



L’énonciation selon Emile Benveniste

Emile Benveniste est un linguiste français (1902-1976), spécialiste de la grammaire comparée ; il a travaillé en majeure partie sur la langue indo-européenne, mais également sur la linguistique générale. Les travaux qui nous intéressent ici, sont l’analyse du discours et le concept d’énonciation, tout particulièrement. Il a mis en évidence « l’appareil formel de l’énonciation » constitué d’élément divers. Ces éléments composent la langue, par exemple, les déictiques tels que les pronoms personnels (je/tu/il et la non personne), les possessifs, les déictiques spatiotemporels. Ces recherches sont principalement réunies dans son ouvrage intitulé « Problèmes de linguistique générale »,  publié entre 1966 et 1974. Elles portent sur la sémiotique et l’exploration des idées saussuriennes, sur la relation du signifiant et du signifié constituant entre autres le signe linguistique. Il a porté également un intérêt particulier à la « phrase », et suivant la mouvance de Ferdinand de Saussure (1857-1913), il montre comment participent la langue et le discours.
Dans notre domaine d’analyse, Emile Benveniste définit l’énonciation comme étant « la mise en fonctionnement de la langue par un acte individuel d’utilisation [i]». L’énonciation et la parole permettent de faire exister le langage. E. Benveniste considère que la langue est un instrument au service de la parole. Mais pour les linguistes, l’important est de comprendre ce que les gens disent, comment ils le disent, et si cela est fait d’une manière implicite ou explicite ? Dans notre étude, les journalistes utilisent des notions à la fois subjectives et objectives, voire même neutres. Par exemple, le discours indirect (citations, déclarations, etc.) met une distance entre le journaliste et son discours, celui-ci ne souhaitant pas être tenu pour responsable des propos des autres. De plus, l’utilisation des guillemets et de l’italique marque une réelle irresponsabilité vis-à-vis du discours rapporté, les journalistes sont, dans une certaine  mesure, objectifs. La question essentielle est de savoir comment ils utilisent la langue pour établir la meilleure interaction communicative ? Ils peuvent vulgariser leurs discours en utilisant un style plus soutenu qu’un autre dans l’unique but d’être compris par tous.

On distingue deux types d’énonciation, l’énonciation historique et l’énonciation du discours. L’énonciation historique[ii] implique l’emploi exclusif de la non personne et du temps passé simple, associé à l’imparfait des évènements qui semblent se raconter d’eux-mêmes. Les marques du sujet d’énonciation sont absentes, le présent actuel est retiré au profit du passé simple, il n’y a plus de déictiques, ni de couple Je/Tu. Dans notre analyse, nous prenons en compte la non personne puisque dans le récit journalistique, l’énonciateur et l’énonciataire sont présents implicitement concernant le présent actuel, c’est une marque temporelle courante dans le discours médiatique. L’énonciation du discours suppose la mise en rapport d’un énonciateur avec son énonciation au moyen de marques d’interlocution ou d’allocution. Nous prendrons en compte l’énonciation du discours sans exclure l’énonciation historique, qui implique, quant à elle,  la non personne.
Pour résumer, E. Benveniste considère l’énonciation comme un comportement volontaire et dynamique vis-à-vis de son énoncé. L’énonciateur s’inscrit alors dans son énoncé. Le journaliste du Monde, lui aussi, fait de même dans son énoncé : « Vers 19h30, le groupe que nous avons approché (…) ». Cette phrase indique l’implication du journaliste avec le pronom personnel « Nous ». Le journaliste pose ainsi clairement les règles de l’énoncé en annonçant : « nous y sommes allés ». Le lecteur ressent très nettement la présence du journaliste sur place et ne peut pas mettre en doute son énonciation. La notion d’implicite tend à être l’inscription du sujet dans l’énonciation, cela suggère que le journaliste s’est rendu sur place et a pu faire un compte rendu fidèle ou partiellement conforme aux évènements.

Ensuite, E. Benveniste déclare que l’énonciateur adhère plus ou moins à son propos. Le journaliste, quant à lui, est en quelque sorte plus ou moins impliqué dans ce qu’il dit, à la fois au niveau idéologique et au niveau linguistique, démontrant ainsi une subjectivité dans le discours. Par exemple, « Si on ignore encore à quelle heure les pompiers ont été appelé (…) », le journaliste du Figaro dans son discours, comme lors de l’exemple précédent, il utilise le pronom personnel « on », montrant alors une implication du journaliste et de sa rédaction.

On note une nette distinction entre les journalistes car dans les quatre autres journaux nationaux (Midi Libre, L’Humanité, Le Monde, Le figaro), les journalistes emploient le mot « mort » associé à divers adjectifs subjectifs ou non, tels que « suspecte » ou « accidentelle ». Le nom masculin « meurtre » employé par le journaliste de Libération peut être interprété de différentes manières, soit comme un acte délibéré de la police, soit comme la traduction d’un sentiment présent chez les habitants de Villiers-le-Bel.
E. Benveniste intègre le degré de transparence de l’énoncé au sein de la théorie de l’énonciation, la question alors est : le journaliste doit-il tout dire ou pas ? Cependant, on ne peut pas tout révéler car certaines informations ne semblent pas pertinentes pour celui-ci au moment de l’énonciation. Par exemple, le journaliste du Figaro est le seul à faire référence au test de dépistage de drogue fait par les policiers accidentés. C’est également le cas du journal Libération qui mentionne la thèse du meurtre retenue de préférence par les habitants. Le journaliste du Midi Libre n’inclut pas, quant à lui, les réactions et les opinions des habitants. Il décrit la situation, les conséquences des émeutes et les déclarations du procureur Marie-Thérèse de Givry, du ministre et du président de la République absent du territoire, et s’en tient à cela sans rien détailler en plus. Toutefois, il ne prend pas en compte les réactions des habitants et ne situe pas l’évènement pour la raison principale qu’il ne s’est pas rendu sur place a contrario des journaux nationaux plus proches des émeutes. Cet handicap géographique entre, par ailleurs, en compte dans le traitement de l’information, et implique, par conséquent, une certaine distance vis-à-vis de son discours, donc le journaliste ne révèle dit pas tout.

Enfin, la dernière caractéristique de la théorie de l’énonciation, selon E. Benveniste, est la présence d’un co-énonciateur dans le produit de l’énonciateur. Ce co-énonciateur n’est pas passif, il construit l’énonciation en même temps que l’énonciateur et peut être autant l’interlocuteur, l’allocutaire que le récepteur. Le co-énonciateur est le destinataire prioritaire du message du journaliste.

1 comentario:

  1. Bonjour Paola,
    Je tiens tout d'abord à vous remercier pour cet intéressant article.
    En fait,je mène une recherche de fin d'études à propos de la didactisation de la théorie de l'énonciation dans les manuels scolaire du collège (3 au Maroc).
    Je vous prie de n'hésiter pas à me proposer vos remarques à propos de ce sujet .
    Bien à vous ,Said
    émail : labhirisaid@hotmail.com

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