Biographie d'Émile Benveniste
Un linguiste du XXe siècle :
Émile Benveniste est l’un des plus grands linguistes, de réputation internationale, du XXe
siècle. Fondateur de la linguistique de l’énonciation, mais pas
uniquement, il nous a laissé une œuvre qui fait partie des références
majeures en linguistique et qui, au-delà des frontières disciplinaires, a
fortement marqué les sciences humaines.
Né le 27 mai 1902 à Alep en Syrie au sein d’une famille juive polyglotte, Ezra Benveniste émigre en France en 1913 et devient élève à l’École rabbinique de France de la rue Vauquelin à Paris (« Séminaire israélite de France »). En 1918 il intègre l’École pratique des hautes études (EPHE) où il sera en contact avec les deux plus grands néo-grammairiens français de l’époque, Antoine Meillet et Joseph Vendryès : il suit les cours du premier et sous la direction du second il soutient en 1920 son diplôme d’études supérieures sur Les futurs et subjonctifs sigmatiques du latin archaïque, puis obtient l’agrégation de grammaire en 1922. Cette même année, il s’inscrit à l’École des Langues Orientales et enseigne ensuite au collège Sévigné de 1922 à 1924.
En 1924 il est naturalisé français et choisit le prénom d’Émile. Il part ensuite en Inde où il devient, à Poona (au sud-est de Bombay), le précepteur des enfants de la famille Tata, des industriels milliardaires. En 1927, il est nommé directeur d’études à l’EPHE où il succède à Antoine Meillet. En 1935, il soutient et publie sa thèse sur l’Origine de la formation des noms en indo-européen, et en 1937 il est élu professeur au Collège de France, sur la chaire de Grammaire comparée laissée libre par Antoine Meillet, lui-même successeur de Michel Bréal, qui avait inauguré cet enseignement au Collège de France en 1866. Ces activités furent brutalement interrompues le 6 décembre 1969 par un accident cérébral, qui le laisse définitivement paralysé et privé de parole. Il décède le 3 octobre 1976 à Versailles.
Ses engagements scientifiques furent nombreux.
Enseignant, il forma plusieurs générations d’étudiants. Chercheur de terrain, il mena des enquêtes linguistiques en Iran, en Afghanistan (1947), puis en Alaska (1952), et participa à de nombreux colloques internationaux de linguistique. Il fut également Secrétaire adjoint de la Société de linguistique de Paris (1959-1970), « le lieu par excellence de la recherche linguistique en France » 1 ; il fut élu membre de l’Académie des Inscriptions et Belles lettres en 1960, Directeur de l’Institut d’études iraniennes en 1963 et Président de l’Association internationale de sémiotique en 1969.
En 1961, il créa avec Claude Lévi-Strauss et Pierre Gourou L’Homme, revue française d’anthropologie. De 1964 à 1975, il assura la direction de la Revue des Études arméniennes (REA).
En 1968, la recherche française en sciences humaines était en pleine effervescence, comme en témoignent la Section de sémio-linguistique 2 du Laboratoire d’anthropologie sociale du Collège de France dirigé par Claude Lévi-Strauss, la revue Communications ou encore les publications d’Émile Benveniste, de Roland Barthes, d’Algirdas Julien Greimas... C’est en août de cette année que fut organisé à Varsovie le Symposium international de sémiotique, acte fondateur de l’Association Internationale de sémiotique (AIS), dont Émile Benveniste est alors nommé Président.
Julia Kristeva, dans sa Préface aux Dernières Leçons, Collège de France 1968 et 1969, qu’elle a intitulée « Émile Benveniste, un linguiste qui ne dit ni ne cache, mais signifie », évoque cette vie tout entière consacrée au langage : ce « savant austère », « très grand connaisseur des langues anciennes, expert en grammaire comparée, autorité en linguistique générale [...] connaissait le sanscrit, le hittite, le tokharien, [l’indo-iranien], le grec, le latin, toutes les langues indo-europénnes, et, à la cinquantaine passée, s’est plongé dans les langues amérindiennes. »
L’œuvre d’Émile Benveniste est considérable : dix-huit ouvrages, dont les plus cités et les plus lus sont indéniablement les deux volumes des Problèmes de linguistique générale, et près de trois cents articles, mais est demeurée trop longtemps méconnue. Heureusement le XXIe siècle affirme un nouvel intérêt pour ce grand linguiste, à travers les éditions et rééditions de l’auteur et les études sur le patrimoine fondamental qu’il nous a laissé.
Né le 27 mai 1902 à Alep en Syrie au sein d’une famille juive polyglotte, Ezra Benveniste émigre en France en 1913 et devient élève à l’École rabbinique de France de la rue Vauquelin à Paris (« Séminaire israélite de France »). En 1918 il intègre l’École pratique des hautes études (EPHE) où il sera en contact avec les deux plus grands néo-grammairiens français de l’époque, Antoine Meillet et Joseph Vendryès : il suit les cours du premier et sous la direction du second il soutient en 1920 son diplôme d’études supérieures sur Les futurs et subjonctifs sigmatiques du latin archaïque, puis obtient l’agrégation de grammaire en 1922. Cette même année, il s’inscrit à l’École des Langues Orientales et enseigne ensuite au collège Sévigné de 1922 à 1924.
En 1924 il est naturalisé français et choisit le prénom d’Émile. Il part ensuite en Inde où il devient, à Poona (au sud-est de Bombay), le précepteur des enfants de la famille Tata, des industriels milliardaires. En 1927, il est nommé directeur d’études à l’EPHE où il succède à Antoine Meillet. En 1935, il soutient et publie sa thèse sur l’Origine de la formation des noms en indo-européen, et en 1937 il est élu professeur au Collège de France, sur la chaire de Grammaire comparée laissée libre par Antoine Meillet, lui-même successeur de Michel Bréal, qui avait inauguré cet enseignement au Collège de France en 1866. Ces activités furent brutalement interrompues le 6 décembre 1969 par un accident cérébral, qui le laisse définitivement paralysé et privé de parole. Il décède le 3 octobre 1976 à Versailles.
Ses engagements scientifiques furent nombreux.
Enseignant, il forma plusieurs générations d’étudiants. Chercheur de terrain, il mena des enquêtes linguistiques en Iran, en Afghanistan (1947), puis en Alaska (1952), et participa à de nombreux colloques internationaux de linguistique. Il fut également Secrétaire adjoint de la Société de linguistique de Paris (1959-1970), « le lieu par excellence de la recherche linguistique en France » 1 ; il fut élu membre de l’Académie des Inscriptions et Belles lettres en 1960, Directeur de l’Institut d’études iraniennes en 1963 et Président de l’Association internationale de sémiotique en 1969.
En 1961, il créa avec Claude Lévi-Strauss et Pierre Gourou L’Homme, revue française d’anthropologie. De 1964 à 1975, il assura la direction de la Revue des Études arméniennes (REA).
En 1968, la recherche française en sciences humaines était en pleine effervescence, comme en témoignent la Section de sémio-linguistique 2 du Laboratoire d’anthropologie sociale du Collège de France dirigé par Claude Lévi-Strauss, la revue Communications ou encore les publications d’Émile Benveniste, de Roland Barthes, d’Algirdas Julien Greimas... C’est en août de cette année que fut organisé à Varsovie le Symposium international de sémiotique, acte fondateur de l’Association Internationale de sémiotique (AIS), dont Émile Benveniste est alors nommé Président.
Julia Kristeva, dans sa Préface aux Dernières Leçons, Collège de France 1968 et 1969, qu’elle a intitulée « Émile Benveniste, un linguiste qui ne dit ni ne cache, mais signifie », évoque cette vie tout entière consacrée au langage : ce « savant austère », « très grand connaisseur des langues anciennes, expert en grammaire comparée, autorité en linguistique générale [...] connaissait le sanscrit, le hittite, le tokharien, [l’indo-iranien], le grec, le latin, toutes les langues indo-europénnes, et, à la cinquantaine passée, s’est plongé dans les langues amérindiennes. »
L’œuvre d’Émile Benveniste est considérable : dix-huit ouvrages, dont les plus cités et les plus lus sont indéniablement les deux volumes des Problèmes de linguistique générale, et près de trois cents articles, mais est demeurée trop longtemps méconnue. Heureusement le XXIe siècle affirme un nouvel intérêt pour ce grand linguiste, à travers les éditions et rééditions de l’auteur et les études sur le patrimoine fondamental qu’il nous a laissé.
Quelques références bibliographiques*
D’Émile Benveniste
Benveniste Émile, Origines de la formation des noms en indo-européen, Paris, Maisonneuve, 1935, réimpr. 2006. [thèse de doctorat]
Benveniste Émile, Noms d’agent et noms d’action en indo-européen, Paris, Maisonneuve, 1948, rééd. 1993.
Benveniste Émile, Titres et noms propres en iranien ancien, 1966
Benveniste Émile, Le vocabulaire des institutions indo-européennes, vol. 1 : Économie, parenté, société ; vol. 2 : Pouvoir, droit, religion, Paris, Minuit, 1969.
Benveniste Émile, Problèmes de linguistique générale, Paris, Gallimard, Paris, Gallimard, vol. 1, 1966 ; vol. 2,-1974.
Benveniste Émile, Dernières leçons, Collège de France 1968 et 1969, établi par J.-C. Coquet et I. Fenoglio, Préface de Julia Kristeva, Postface de Tzvetan Todorov, Paris, EHESS-Gallimard-Seuil, 2012.
Benveniste Émile, Baudelaire, présenté et annoté par Chloé Laplantine, Limoges, Lambert-Lucas, 2011.
Benveniste Émile, Origines de la formation des noms en indo-européen, Paris, Maisonneuve, 1935, réimpr. 2006. [thèse de doctorat]
Benveniste Émile, Noms d’agent et noms d’action en indo-européen, Paris, Maisonneuve, 1948, rééd. 1993.
Benveniste Émile, Titres et noms propres en iranien ancien, 1966
Benveniste Émile, Le vocabulaire des institutions indo-européennes, vol. 1 : Économie, parenté, société ; vol. 2 : Pouvoir, droit, religion, Paris, Minuit, 1969.
Benveniste Émile, Problèmes de linguistique générale, Paris, Gallimard, Paris, Gallimard, vol. 1, 1966 ; vol. 2,-1974.
Benveniste Émile, Dernières leçons, Collège de France 1968 et 1969, établi par J.-C. Coquet et I. Fenoglio, Préface de Julia Kristeva, Postface de Tzvetan Todorov, Paris, EHESS-Gallimard-Seuil, 2012.
Benveniste Émile, Baudelaire, présenté et annoté par Chloé Laplantine, Limoges, Lambert-Lucas, 2011.
Sur Émile Benveniste
Barthes Roland, « Pourquoi j’aime Benveniste », La Quinzaine littéraire, 18 avril 1974 ; repris dans Essais critiques IV, Le Bruissement de la langue, Paris, Seuil, 1984, et dans Œuvres complètes, IV, Seuil, nouv. éd., 2002.
Brunet Émilie et Mahrer Rudolf, Relire Benveniste. Réceptions actuelles des Problèmes de linguistique générale, Louvain-la-Neuve (Belgique), Academia/ L’Harmattan, 2011.
Dessons Gérard, Émile Benveniste, l’invention du discours, Paris, Éditions In Press, 2006.
Laplantine Chloé, Émile Benveniste, L’inconscient et le poème, Limoges, Lambert-Lucas, 2011.
Normand Claudine et Arrivé Michel, Emile Benveniste vingt ans après, Colloque de Cerisy, août 1995, Numéro spécial de Lynx, Université ParisX-Nanterre, Centre de recherches linguistiques, 1997.
Ono Aya, La notion d’énonciation chez Émile Benveniste, Limoges, Lambert-Lucas, 2007.
Barthes Roland, « Pourquoi j’aime Benveniste », La Quinzaine littéraire, 18 avril 1974 ; repris dans Essais critiques IV, Le Bruissement de la langue, Paris, Seuil, 1984, et dans Œuvres complètes, IV, Seuil, nouv. éd., 2002.
Brunet Émilie et Mahrer Rudolf, Relire Benveniste. Réceptions actuelles des Problèmes de linguistique générale, Louvain-la-Neuve (Belgique), Academia/ L’Harmattan, 2011.
Dessons Gérard, Émile Benveniste, l’invention du discours, Paris, Éditions In Press, 2006.
Laplantine Chloé, Émile Benveniste, L’inconscient et le poème, Limoges, Lambert-Lucas, 2011.
Normand Claudine et Arrivé Michel, Emile Benveniste vingt ans après, Colloque de Cerisy, août 1995, Numéro spécial de Lynx, Université ParisX-Nanterre, Centre de recherches linguistiques, 1997.
Ono Aya, La notion d’énonciation chez Émile Benveniste, Limoges, Lambert-Lucas, 2007.
*
Pour une bibliographie complète d’Émile Benveniste, voir Mohammad Djafar
Moïnfar, « Bibliographie des travaux d’Émile Benveniste », in Mélanges linguistiques offerts à Émile Benveniste, Paris-Louvain, Société de linguistique de Paris et Peeters, 1975, p. VII-LII.
Notes
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